<< RePorT BaCk-Up => OQP le 18 février … ReTouR VerS Le FuTuR >>Retour vers le passé…
Je me rappelle de l’époque free-party, où la tekno alternative vibrait en accord avec les blés du champ qui nous accueillait pour des heures de danse et de délire. Magie de la musique, des rencontres, des fous rires. Et encore, malheureusement à cette époque déjà, j’entendais les voix de ceux qui avaient découvert le milieu il y a longtemps étendre la rumeur du « c’était mieux avant ». Moi je trouvais tout cela déjà bien maintenant.
Alors comment c’était avant ? A quoi pensent-ils tous ces anciens quand ils ont les yeux qui brillent ?
J’ai commencé à me renseigner. En discutant à droite à gauche.
- Bah déjà avant, y’avait pas tous ces prods de merde ! et puis y’avait pas toutes ces cailles ! Avant c’était free ! tout le monde pouvait venir, c’était en plein air et y’avait des murs énormes !
Effectivement ça avait l’air pas mal… Ensuite je suis tombé sur un livre : 3672 la free story. Les photos sont superbes et elles traduisent réellement la magie qui circulait dans ces évènements. Des jeunes gens couchés sur le toit d’un camion à prendre le soleil avec le son en fond sonore. Les spectacles de feu, les décos, les travellers… Alors c’était comme ça avant ?
Il y a d’autres archives qui retracent le début des free. Entre autres, World traveller adventure nous emmène dans un voyage technoïde musical et culturel. Et il n’y a pas longtemps : le dvd d’OQP « Back up ». On y voit des images de tekos de 1993 à 2003.
Donc c’était comme ça avant. C’est vrai que c’était différent.
Pas de kaki, noir et de camouflage en première ligne. Des couleurs de partout. Du jaune, du bleu, du fluo.
Pas de hardcore ou de hardtek qui résonnent derrière ce feu d’artifice humain. De la tekno acide aux vibes envoûtantes, de la jungle décalée qui fait vibrer les vynils.
Pas d’alignement robotique de zombies anesthésiés par les basses devant les enceintes. Les ravers se baladent partout en se laissant guider par un même flot musical.
Donc lorsque j’ai récupéré le flyer de la soirée OQP, c’est cet esprit que je pensais tout naturellement retrouver.
Bien sûr l’atmosphère ne serait pas entièrement là. Entre une boîte renfermée avec un dancefloor tout petit et une free en extérieur il y a des différences.
C’est donc après un apéro chez nous (merci K-Ra d’être passé !) qu’on est parti motivés à la soirée. Sur le parking, les visages des habitués et de ceux qu’on croise partout, mais aussi ceux de personnes qui sont là pour le week-end et qu’on a pas vu depuis un bon bout de temps.
Petite session feu mais il y a décidément trop de vent. Petite session apéro avant de rentrer. Ce qu’on met longtemps à faire puisque le videur se sent obligé de nous faire entrer par 5 alors qu’il n’y a pour l’instant pas grand monde dans la salle.
Enfin à l’intérieur nous sommes accueillis par de la pure drum’n bass. Un mix cd apparemment. Je vais me placer devant les machines. J’avais prévenu les autres de toute façon : ce soir j’y vais pour danser ! Sinon pourquoi aller s’enfermer comme cela !
Ragga pour les breaks et hop, les infra s’enchaînent ! Belle mise en jambe.
C’est bientôt la fin du mix et je vois Cyberskum arrivé derrière ces machines. Il commence par ralentir le tout. Ouiiiiiinnnnnnnnn iiiiii ouiiiiiiiiinnnnnnn iiiii. Les gens autour ont arrêté de danser et attendent. Certains s’éloignent, sans doute déçus de ce soudain changement musical. Et c’est parti, 90 bpm je pense, pas plus en tout cas. Pooom tchic, pom tchic, pooom tchic… Lentement mais sûrement, l’acid tekno envahit petit à petit la salle. Les basses sont étouffées par des mediums lancinants et des aigus hallucinants. Cyberskum est très concentré, il envoie ses boucles avec Ableton et les retravaille avec sa table de mixage. Un petit sourire aux lèvres, il tourne ses boutons en accord et à chaque fois j’ai l’impression qu’il joue avec les ondes mentales qui flottent dans la salle. Ce n’est pas du son c’est du tri fouillage de cerveau et les muscles de mes lèvres forment un sourire car la musique devient un jeu dont le thème serait le voyage pour la 23ième galaxie.
Danse, danse, danse… Mes jambes et mes bras se développent et se courbent sans que je puisse les contrôler. Me voilà partie 10 ans dans le passé. A l’ancienne !
Je prends quand même le temps de tourner la tête. A côté de moi, un jeune homme en parfaite panoplie de teufeur galère vraiment avec son propre corps. Lorsqu’on a été initié avec du hardcore violent ou de la hardtek régulière, et qu’on est face à un retour aux sources incontrôlé, on fait comment pour danser ? Parce que là, on ne te demande plus de remuer tes hanches machinalement en imitant un marteau piqueur avec tes bras, ce n’est plus la bonne méthode ! Parce que là tu dois te lâcher ! Plus besoin de ressembler au parfait « teufeur rebel » que tu as vu à la télé.
Ce n’est pas le seul dans la salle à être déconcerté par ce son. Son qui devient de plus en plus du break-beat. Les basses s’accélèrent un peu et deviennent de moins en moins régulières. Un passage hip-hop, peut-être pour rappeler d’où viennent les OQP. Là c’est le drame ! ça fuse dans tous les sens : « c’est quoi ce son de boîte ? »
Les temps ont évolué. Avec lui, la musique et les mentalités.
Dans un monde et une société où nous sommes tous devenus moutons, difficile d’oublier ce que les médias nous ont appris pour se laisser entraîner par la musique. Oublier sa position « quatre-pattes » et « à la queue leu leu » pour laisser parler son corps.
Je remonte voir ceux qui m’ont accompagnée. En fait ça fait longtemps que je ne les ai pas vu. Ils sont en haut, assis sur leurs fauteuils en plastiques, parlant de la pluie et du beau temps et se plaignant du monde et de la chaleur. Ils finissent par me dire qu’on ne va pas tarder à partir pour aller à une free. Ouais…à une teuf quoi ! Certes on y sera dehors mais le son ne sera vraiment pas le même. On aura beau être dehors, finit la danse.
On se demande pourquoi les gens sortent aujourd’hui… enfin on le sait, mais on fait comme si la raison était autre.
Pas besoin de parler de l’autre soirée, je ne ferais que répéter ce que l’on se dit tous les week-ends, quand on aime la musique et qu’on aime danser.
C’était quand même sympa. Surtout le lever de soleil sur les champs.
Big-up aux OQP, j’aurais bien voulu écouter les autres.
Merci à Cyberskum et à ses boucles hypnotiques.
Retour aux sources musicales vraiment agréable…
En attendant la suite…
NeKo...KeeP Da Free SpiRiT ALiVe !